Abdessamad Dialmy Il est évident que la fatwa/opinion du Conseil Supérieur des Ouléma (CSO) qui consiste à autoriser la mort de l...
Abdessamad Dialmy |
Le prêche du vendredi à la mosquée Ouhoud est venu corriger l’opinion/fatwa dogmatique du CSO. En présence du Commandeur des Croyants, le prêcheur a défendu la liberté religieuse, celle de conscience, au nom même de l’islam. « Nulle contrainte en religion » est le verset coranique fondamental qui légitime la liberté de conscience comme droit humain. Pour moi, c’est une avancée admirable que d’affirmer cela en présence du Commandeur des Croyants, en son nom en dernière analyse. Il est l’imam suprême.
Cependant, ce prêche isolé reste un indice, l’indice d’une politique publique religieuse à naître, à officialiser. L’absence d’un article dans le code pénal incriminant l’apostasie n’est pas suffisante. Peu de gens connaissent le code pénal, mais beaucoup de gens suivent les fatwas et les prêches.
La question que je me pose est la suivante : pourquoi ce prêche « historique » qui refuse de tuer l’apostat n’a-t-il pas été généralisé à toutes les mosquées du Maroc ? Certes, il est symbolique, un exemple à suivre. Cependant, du moment qu’on peut affirmer que ce prêche n’est pas une initiative personnelle de l’imam de la mosquée Ouhoud, du moment qu’on peut supposer que l’imam a prêché la liberté de conscience sous l’instigation d’une autorité qui lui est largement supérieure, pourquoi cette autorité n’a-t-elle pas demandé à tous les imams de faire le même prêche ? Il est encore possible de le faire, et de le refaire, et ce dans le but de hisser les Marocains à la station (maqam) de la tolérance. En termes plus clairs, amener les Marocains à se respecter mutuellement quelle que soit leur religiosité: les Marocains musulmans, non musulmans, agnostiques, apostats et athées sont tous égaux en tant que citoyens d’une même nation. L’islam n’est pas l’indice automatique de la bonne citoyenneté, l’athéisme n’est pas non plus l’indice mécanique d’une mauvaise citoyenneté.
Publié le 3 mai 2013 sur le compte Facebook d ' Abdessamad Dialmy
COMMENTS